C’était le jour de l’imagerie, celui des bonnes nouvelles où on m’annonçait qu’il n’y avait pas de métastases visible en imagerie, jeudi dernier.
Nous sommes rentrés à la maison, avons fait la fête avec nos enfants et sommes resté là à rien faire, comme hébétés par le bonheur.
Nous avons passé la soirée à traîner, à “rien faire”.
Et puis rendus dans le lit, au moment où le sommeil s’abat sur moi comme un coup de massue, la tendre voix de mon Chum qui me dit:
“Et maintenant, on fait quoi”?...
LA question.
Celle qui me fait penser encore et encore, celle dont la réponse est infinie.
En fait, cette question m’a tout d’abord semblé prématurée. Non que je ne me la serai pas posée, elle allait venir, mais juste que pour moi il était trop tôt pour baisser les armes. La semaine prochaine j’ai encore un bilan à l’hôpital avec la prise de sang qui va permettre de voir si les marqueurs du cancer sont là ou pas. Pour moi, c’est après cette étape seulement que nous pourrons souffler pendant un an...
Mais mon Chum avance à un rythme soutenu et il ne faut pas s’étonner que LA question soit arrivée si tôt.
Dans un sens, au milieu de la terrible douleur que je ressent en cherchant une réponse, il y a un sourire de spécialiste.
Je ne m’étonne pas de cette tristesse qui nous saisit, de ce malaise. La structure de pensée des humains, la nature des émotions est ainsi faite que tout changement important implique une nouvelle adaptation à cet environnement et cela passe par les étapes de deuil... Mais oui, même un événement heureux.
Je ne m’étonne pas non plus que la question vienne de l’homme de ma vie, même si le fait même qu’il exprime le sentiment de table rase que je ressent moi même me montre douloureusement à quel point il a beaucoup souffert de ces années de maladie, en retenant ses émotions pour ne pas me fragiliser, moi.
Nous avons besoin de regarder en arrière pour aller de l’avant, de comprendre nos vies, d’y faire du sens.
Et si je regarde en arrière que vois-je ?
Une famille emporté par un quotidien trop intense, emballé par l’impossibilité à concilier deux passions de la recherche de pointe celle, exigeante, qui vous amène au bord du monde connu le regard posé sur l’immensité du néant... et l’envie d’être des parents présents. Une famille à bout de souffle qui cherche une issue.
Et là dessus un cancer, un raz de marée immense, tout balayé, noyé par des flots de souffrance et de peur. Une famille qui appelle à l’aide et qui en reçoit. Les plus âgés arrivent à la rescousse, les grand mère se relayent pour s’occuper des petits, les grands pères s’organisent pour leur donner ce temps, les tantes et oncles, les cousins les cousines les amis proches qui se postent en soutient moral, qui resserrent leurs liens avec les enfants. Jusqu’au web, vous, qui réagit en donnant plus d’empathie.
Et la vie continue, elle finit par donner ses premières victoires. Le cancer recule, le Chum doit aller travailler de longs mois à l’étranger, nous décidons de partir ensemble, nous organisons le rêve qui était le notre avant même d’avoir des enfants, faire le tour du monde.
D’un bond nous passons d’un quotidien centré autour de la maladie à celui du voyage. Prenant, merveilleux, extraordinaire de joies et de découvertes enrichissantes. Nous reprenons notre souffle, nous re-gouttons le bonheur. C’est une nouvelle naissance, un retour à la vie dans ce qu’elle a de foisonnant et d’heureux, d’aventureux et de passionnant. Nos filles se sont découvert là des vocations pour étudier le vivant, Maé clame à tout le monde qu’elle deviendra biologiste sous marine et se spécialisera dans les mammifères marins pour aller étudier et protéger les otaries et les cachalots de Kaikoura...
Nous avons réussit une chose magnifique, mon amour, nous avons transmis notre passion à nos enfants.
Mais le voyage se fini sur des craintes, liées au cancer, encore, est-il revenu ?
Nous revenons pour repartir, nous déménageons à l’autre bout de la France, nouvelle maison, nouvelle école, nouvelle vie sociale, nouveau labo pour toi et le travail qui reprends avec des nouvelles règles pour moi.
Nos enfants manifestent de l’angoisse, surtout Maé, la plus sensible... Faut-il s’en étonner mon amour ? Notre fille à toujours ressentit les choses avant tout le monde... Le plus petit demande régulièrement quand nous repartons, il n’arrive pas à comprendre qu’il peut se poser, vraiment. Sam manifeste de l’agressivité, elle est facilement irritable. C’est la même chose que sa sœur et son frère, mon cœur, juste une manifestation différente. Ils ont du un peu de mal, ils doivent s’adapter, nous leur en demandons beaucoup. Regardes, les chambres commencent à se personnaliser tout doucement, quelques dessins sur les portes et les placards, mais les murs restent vides, de ce vide qui veut dire pour les enfants, “on va bientôt partir”.
Et nous, maintenant, on fait quoi ????
Ce “NOUS”, qui signifie “ensemble”, merci déjà de le formuler ainsi.
Ce “MAINTENANT” qui nous pose dans une nouvelle vie, qui annonce l’ouverture d’une nouvelle porte.
“ON FAIT QUOI” ?
On fait quoi ?
Je ne sais pas mon Amour. Oui, toute cette réflexion pour te répondre cet aveux d’immaturité de ma réflexion: “je ne sais pas”.
Ou plutôt j’ai des millions d’idées qui se bousculent et comme toi la peur de me laisser entraîner à nouveau dans une vie déséquilibrée où ce temps que nous aimons donner à nos enfants aura disparu.
Ou plutôt je ne peux pas répondre à cette question sans toi car je n’imagine pas une seule seconde imaginer ma vie en cavalier seul.
Maintenant NOUS allons ré-inventer nos vies, nous allons passer cette nouvelle porte et regarder ensemble l’infinité des avenirs qui nous sont possibles, ensemble.
Nous sommes rentrés à la maison, avons fait la fête avec nos enfants et sommes resté là à rien faire, comme hébétés par le bonheur.
Nous avons passé la soirée à traîner, à “rien faire”.
Et puis rendus dans le lit, au moment où le sommeil s’abat sur moi comme un coup de massue, la tendre voix de mon Chum qui me dit:
“Et maintenant, on fait quoi”?...
LA question.
Celle qui me fait penser encore et encore, celle dont la réponse est infinie.
En fait, cette question m’a tout d’abord semblé prématurée. Non que je ne me la serai pas posée, elle allait venir, mais juste que pour moi il était trop tôt pour baisser les armes. La semaine prochaine j’ai encore un bilan à l’hôpital avec la prise de sang qui va permettre de voir si les marqueurs du cancer sont là ou pas. Pour moi, c’est après cette étape seulement que nous pourrons souffler pendant un an...
Mais mon Chum avance à un rythme soutenu et il ne faut pas s’étonner que LA question soit arrivée si tôt.
Dans un sens, au milieu de la terrible douleur que je ressent en cherchant une réponse, il y a un sourire de spécialiste.
Je ne m’étonne pas de cette tristesse qui nous saisit, de ce malaise. La structure de pensée des humains, la nature des émotions est ainsi faite que tout changement important implique une nouvelle adaptation à cet environnement et cela passe par les étapes de deuil... Mais oui, même un événement heureux.
Je ne m’étonne pas non plus que la question vienne de l’homme de ma vie, même si le fait même qu’il exprime le sentiment de table rase que je ressent moi même me montre douloureusement à quel point il a beaucoup souffert de ces années de maladie, en retenant ses émotions pour ne pas me fragiliser, moi.
Nous avons besoin de regarder en arrière pour aller de l’avant, de comprendre nos vies, d’y faire du sens.
Et si je regarde en arrière que vois-je ?
Une famille emporté par un quotidien trop intense, emballé par l’impossibilité à concilier deux passions de la recherche de pointe celle, exigeante, qui vous amène au bord du monde connu le regard posé sur l’immensité du néant... et l’envie d’être des parents présents. Une famille à bout de souffle qui cherche une issue.
Et là dessus un cancer, un raz de marée immense, tout balayé, noyé par des flots de souffrance et de peur. Une famille qui appelle à l’aide et qui en reçoit. Les plus âgés arrivent à la rescousse, les grand mère se relayent pour s’occuper des petits, les grands pères s’organisent pour leur donner ce temps, les tantes et oncles, les cousins les cousines les amis proches qui se postent en soutient moral, qui resserrent leurs liens avec les enfants. Jusqu’au web, vous, qui réagit en donnant plus d’empathie.
Et la vie continue, elle finit par donner ses premières victoires. Le cancer recule, le Chum doit aller travailler de longs mois à l’étranger, nous décidons de partir ensemble, nous organisons le rêve qui était le notre avant même d’avoir des enfants, faire le tour du monde.
D’un bond nous passons d’un quotidien centré autour de la maladie à celui du voyage. Prenant, merveilleux, extraordinaire de joies et de découvertes enrichissantes. Nous reprenons notre souffle, nous re-gouttons le bonheur. C’est une nouvelle naissance, un retour à la vie dans ce qu’elle a de foisonnant et d’heureux, d’aventureux et de passionnant. Nos filles se sont découvert là des vocations pour étudier le vivant, Maé clame à tout le monde qu’elle deviendra biologiste sous marine et se spécialisera dans les mammifères marins pour aller étudier et protéger les otaries et les cachalots de Kaikoura...
Nous avons réussit une chose magnifique, mon amour, nous avons transmis notre passion à nos enfants.
Mais le voyage se fini sur des craintes, liées au cancer, encore, est-il revenu ?
Nous revenons pour repartir, nous déménageons à l’autre bout de la France, nouvelle maison, nouvelle école, nouvelle vie sociale, nouveau labo pour toi et le travail qui reprends avec des nouvelles règles pour moi.
Nos enfants manifestent de l’angoisse, surtout Maé, la plus sensible... Faut-il s’en étonner mon amour ? Notre fille à toujours ressentit les choses avant tout le monde... Le plus petit demande régulièrement quand nous repartons, il n’arrive pas à comprendre qu’il peut se poser, vraiment. Sam manifeste de l’agressivité, elle est facilement irritable. C’est la même chose que sa sœur et son frère, mon cœur, juste une manifestation différente. Ils ont du un peu de mal, ils doivent s’adapter, nous leur en demandons beaucoup. Regardes, les chambres commencent à se personnaliser tout doucement, quelques dessins sur les portes et les placards, mais les murs restent vides, de ce vide qui veut dire pour les enfants, “on va bientôt partir”.
Et nous, maintenant, on fait quoi ????
Ce “NOUS”, qui signifie “ensemble”, merci déjà de le formuler ainsi.
Ce “MAINTENANT” qui nous pose dans une nouvelle vie, qui annonce l’ouverture d’une nouvelle porte.
“ON FAIT QUOI” ?
On fait quoi ?
Je ne sais pas mon Amour. Oui, toute cette réflexion pour te répondre cet aveux d’immaturité de ma réflexion: “je ne sais pas”.
Ou plutôt j’ai des millions d’idées qui se bousculent et comme toi la peur de me laisser entraîner à nouveau dans une vie déséquilibrée où ce temps que nous aimons donner à nos enfants aura disparu.
Ou plutôt je ne peux pas répondre à cette question sans toi car je n’imagine pas une seule seconde imaginer ma vie en cavalier seul.
Maintenant NOUS allons ré-inventer nos vies, nous allons passer cette nouvelle porte et regarder ensemble l’infinité des avenirs qui nous sont possibles, ensemble.
Ensemble...
RépondreSupprimerQuelle que soit la tempête, les jours gris, le soleil, le travail, les enfants, ce fichu cancer, votre fabuleux périple : ensemble, toujours.
Alors, le quoi à peu d'importance, continuez ainsi, ensemble, c'est déjà énorme, non ?
Bisous
Mony
prendre au jour le jour
RépondreSupprimerse laisser vivre
lacher prise
savourer ta victoire, votre chance
et puis voir...
je reconnais dans vos mots à votre amour ceux de ma mère à mon père, et les cartons aux noms exotiques qui sont toujours restés en haut d'une armoire en attente d'un nouveau départ. Je reconnais dans vos mots ses batailles intérieures. Je suis grande maintenant, mais j'aimerais comme elle et comme vous, toujours trouver la force de me projeter en avant avec amour et curiosité.
RépondreSupprimerJe vous souhaite le meilleur à vous et à toute votre famille.
Pema
Love is all.
RépondreSupprimerIl n'y a rien de banal même dans le quotidien et la routine, quand l'amour y met partout son empreinte.
Il ne faut pas confondre inertie et enlisement, calme et stagnation.
Et si votre prochain projet était d'apprivoiser la banalité, d'apprendre à apprécier la vie simple d'une vie de quartier,
quelques temps, jusqu'au projet suivant?
Quoiqu'il arrive vous avez déjà l'essentiel.
Expliquez aux enfants que les voyages c'est comme les raviolis... Il faut un peu de temps pour les digérer ! Plus on met de parmesan, plus c'est bon et plus il faut de temps pour les savourer! Pour le reste, tes bloggers fidèles ont déjà tout dit je crois.
RépondreSupprimerBiz
(et merci pour la page de pub sur tous autour du monde ;-D )
Faire le deuil pour réapprendre à vivre dans le présent, s'autoriser à croire à nouveau, faire des projets à court terme, puis à moyen et enfin à long terme, ce n'est pas aussi facile que l'on croit, il faut du temps, de la patience. Avoir touché notre mortalité, recroire à l'immortalité... Patience, patience...
RépondreSupprimerLaisse toi aimer, doucement, entièrement...
Vous avez vécu des épreuves terribles, mais ensemble vous les avez affrontées, ensuite vous avez partagé un voyage extraordinaire, effectivement cela doit être difficile de revenir à un train train quotidien et à une vie
RépondreSupprimer« normale » bien que la normalité n’existe pas vraiment. J'espère surtout que tout aille bien pour vous maintenant. Grosses bises
Savoir reconnaître que dans ce "vide" (comparativement au tellement plein d'émotions, de découvertes, de partage, de ces derniers mois), il y a énormément de choses simples et belles. De l'amour, de beaux paysages, du rêve, des champs qui ont peut-être besoin d'une jachère... Tu es tellement active, Tili, que ce tourbillon de projets, de combats t'a mise comme dans un panier-salade (pardon pour la comparaison). Quand il s'arrête, la salade continue de tourner toute seule encore un peu, elle n'arrive pas s'arrêter. Mais la nature de la salade, c'est être salade, pas d'être dans un panier qui tourne. Oah, je poétise très mal :o), mais je suis sûre que tu m'as comprise.
RépondreSupprimerOui, le "on", le "nous" est sécurisant, mais surtout magnifique. Vous avez construit qch de solide ! Belle semaine à toi. Becs
On continue tout simplement a marcher, main dans la main, "que sera, sera".
RépondreSupprimerBien amicalement.
Le bonheur c'est aussi, surtout, un collier de petits riens, d'instants vécus, volés...
RépondreSupprimerMoi,j'avais tout simplement compris que cette "tendre voix qui demande -on fait quoi- " demandait à sa chérie de faire l'AMOUR !!!
RépondreSupprimerPas évident de repartir, de reprendre confiance en la vie après ces terribles moments d'angoisse traversés et pourtant c'est bien pour ça que tu t'es battue, que tu as tout supporté.
RépondreSupprimerIl faut du temps, toujours du temps et hop la vie reprend, forcément différente.
Au fait mercredi prochain, c'est ok?
Peu importe ce que l'on fait , l'important n'est il pas de pouvoir le faire ensemble , longue vie aux projets pour toute la famille .
RépondreSupprimerbonjour! je viens prendre de tes nouvelles après une longue absence.bienvenue dans ma région, j 'habite juste derrière la montagne ds la magnifique vallée de la Valserine ou vous pourrez randonner, skier, faire des raquettes..je suis très heureuse de savoir que côté santé les nouvelles sont bonnes. Bravo pour ton courage, ta volonté et ton sourire que je devine! pour les cours de mandarin tu vas certainement trouver sur Genève. (peut être à l' ecole club migros de genève :www.ecole-club.ch
RépondreSupprimerTrès joli texte.
RépondreSupprimerEt si vous vous posiez pour commencer ?
Vous n'avez jamais laissé la vie vous imposer quoi que ce soit, vous pourrez composer le quotidien qui vous conviendra je n'en doute pas, mais ne vous mettez pas de pressions inutiles, laissez venir...
Plume m'a ôté les mots du clavier ;-)
RépondreSupprimerEt si apprivoiser le "banal" quotidien et en faire quelque chose de beau et de paisible était votre prochain projet? Juste le temps de voir refleurir les dessins sur les murs (ou des photos de mammifères marins;-) )
Un plaisir de te lire chez "elle est folle..." Cela faisait très longtemps. Ton article me touche beaucoup et je me sens quelque peu concernée par vos questionnements. J'ai vu plus haut que vous étiez installés en campagne près de paris ?
RépondreSupprimerBonne continuation à vous et à très bientôt tili