jeudi 20 décembre 2007

J-1,2,3,4,5- Le séjours à l’hôpital

Dimanche 16 décembre 2007… J’ai du réfléchir pour écrire la date, à l’hôpital, les repères temporels se font flous.
L’infirmier vient de me faire les soins de ma cicatrice, il m’à aussi apporté une prothèse en Daflon pour glisser dans mon soutien gorge ainsi que de la documentation offerte par une association « vivre comme avant ».
Tout le personnel de cette unité est incroyablement gentil.
Il règne un calme impressionnant entrecoupé par les passages du personnel soignant, du ménage… La télé est en panne et une bonne partie des malades sont sortie, les entrées ne se font que le dimanche après-midi pour les opérations du lundi matin.
Ah, l’interne vient de passer, le redon continue de donner (ça saigne) donc il ne va toujours pas me laisser sortir. Il m’explique que je vais continuer à être en arrêt maladie jusqu’au prochain rendez vous et ensuite on verra.
C’est encore une sensation étrange, est-ce que mon esprit continue de nier ? Mais ce terme « d’arrêt maladie » me fait peur et envie en même temps.
Il me fait peur car malgré tout ce qui vient d’arriver, la mastectomie, l’hôpital, mon sang qui coule dans cette bouteille, la fatigue, la douleur, l’annonce des traitements probables en particulier la radiothérapie, malgré tout cela eh bien je ne me sens pas malade et il me fait envie car j’ai désespérément besoin d’accepter d’être malade et de pouvoir aussi planifier les mois qui arrivent…
Intellectuellement pourtant je comprends tout ce qui m’arrive et ce que cela implique pour mon avenir, c’est un cancer, sans ces traitements et l’ablation de mon sein en premier lieu cette maladie m’aurait tuée. Il faut à présent essayer de détruire la moindre cellule cancéreuse pour garantir une rémission et le terme de « guérison » ne sera pas employé avant 5 ans au moins… Mon intellect l’entends mais mes émotions prennent les chemins de traverse. Qu’est ce que je ressent ?
- Une immense joie d’être en vie ! Une joie euphorique, un amour débordant pour ma famille au sens large, mes amis et tous ceux qui m’entourent.
- Un fort sentiment de reconnaissance pour ces personnes qui me soignent, du chirurgien à la femme de ménage en passant par l’anesthésiste, les infirmières et infirmiers, l’interne, l’externe, les aides soignantes, les élèves, les volontaires des associations et aussi tous ceux, et ils sont nombreux, qui m’ont aidée de leurs encouragements. Depuis que je suis dans cette chambre j’ai apprécié la valeur de ce sourire dont m’ont gratifié tous ceux qui y ont pénétré.
- Une envie profonde de changer ma vie, celle de mon Chum et des enfants, de nous apporter plus de joies, d’être le soleil qui brille pour eux, d’éteindre mon stress et celui de mes proches, d’offrir du temps à mon chéri, pour lui et pour nous. J’ai très peur que mon Chum ne finisse par tomber malade, avec tous ce stress, je me sens coupable de cela.
- Est ce que j’ai peur ?
C’est là où le bat blesse, je SAIS que j’ai peur mais cette peur ne s’exprime pas et je reste éveillée la nuit avec une angoisse qui n’arrive pas à trouver son objet. C’est un sentiment très étrange, je reconnais cette peur mais ne la ressent pas. Je me sens lâche car je pense que cela signifie que je n’arrives pas à affronter cette peur. Mais… je me fais aussi confiance, j’ai ce sentiment que cela viendra et que j’y ferai face, oui, j’ai cette prétention et je souhaite qu’elle s’avérera juste.

3 commentaires:

  1. Ce qui ressort des posts , c'est que vous êtes dans la bonne direction, dans les projets et c'est agréable à lire , vous êtes formidable .

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  2. Même si les mots manquent parfois...souvent...
    Simplement pour te dire que l'on pense à toi et à tes amours ...et surtout Merci... car bien que difficle à lire emotionnellement, ton blog et tes "états d'âmes" sont des purs moments de vie.

    Prends soin de toi....A bientôt !

    Stéphanie

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  3. Ce que tu dis, je l'ai ressenti plusieurs fois. Pour des choses différentes d'aileurs/ Par exemple, à la naissance de ma fille, j' n'ai rien éprouvé. Je savais que j'aurai du être heureuse, ou effrayée mais RIEN, NADA... Tout est venu après, progressivvement.
    Et pour les deuils, c'est pareil. Tout vient en douceur, après. Faut juste que je m'y autorise.

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