lundi 15 janvier 2007

Quelques réflexions sur les vieux...

Chose promise chose due, j'ai rédigé mes réflexions... Attention c'est très long !
Bonne lecture et SVP si cela vous interpelles je serais ravie d'entendre vos remarques mais SVP ne m'agressez pas. Ce ne sont que des réflexions, les coucher sur papier m'a demandé du travail et je ne demandes qu'à approfondir ma réflexion.

Quelques réflexions sur que faire des vieux…

Je ne donnerais pas d’âge précis (ce serait l’indignation générale) mais simplement préciserait que je pense aux vieux « dont il faut faire quelque chose ».
Pourquoi il a t-il des vieux dont il faut s’inquiéter ?
Parcequ’ils sont seuls
Parcequ’ils sont tristes
Parcequ’ils sont malades voir même déments
Parcequ’ils coutent cher
Parce que c’est une question de société.

Attention, ceux qui vont bien, qui n’ont absolument pas envie qu’on s’inquiète d’eux qui gèrent leur vie tous seuls voir qui aident les autres, je n’en parles pas ici, ce n’est pas mon propos, qu’ils ne se sentent pas vexés, c’est plutôt une réflexion sur ceux qui ont besoin d’aide.

Selon l’Institut national d'études démographiques, en 2006, 2 hommes sur 3, et 1 femme sur 5 passé 74 ans, vivent en couple. Seuls 20 % des femmes et 10 % des hommes habitent avec de la famille. Près de la moitié des femmes vivent seules, contre plus de 20 % des hommes

Que font ceux qui ne vivent pas avec de la famille ? Deux solutions, les établissements spécialisés ou bien rester chez soi.
D’ailleurs rester chez soi coûte que coûte semble être le veux de la majorité des vieux, comme il y a très peu d’institutions pour les accueillir, ca tombe bien. Un petit exemple, à partir de 65 ans, moins de 3 % des personnes vivent en maison de retraite ou dans un autre type d'établissements spécialisés. Donc l’immense majorité des vieux sont chez eux.

Alors théoriquement, ce qu’on appelle le « maintien à domicile » n'est possible que si l'environnement social, familial et l'état de santé de la personne le permettent. Mais en pratique ils sont légions les vieux complètement seuls pour qui regarder la télé et faire les courses sont les seules occupations…

Des solutions ont été proposées pour aider au maintient à domicile, notamment on a créé l’aides ménagère (dont le financement est aidé par l'aide sociale ou la caisse de retraite complémentaire) et l'auxiliaire de vie, rétribuée directement. Elles effectuent les tâches quotidiennes et peuvent accompagner les sorties.
En pratique l’aide ménagère vient généralement 1 heure par jour (l’état aide pour 30 heures par mois). Et l’auxilière de vie, c’est très variable d’un cas à l’autre mais cela dépasse très rarement la demi-journée, le plus souvent elle vient pour aider à la toilette le matin.
On peut aussi embaucher une garde à domicile, mais c’est assez cher.

Ces aides ne sont pas sans problèmes, c’est cher, la formation du personnel est parfois insuffisante, comme tous les emplois, c’est quand même un peu compliqué et ces papiers ont tendance à rebuter les vieux qui en plus souvent ont du mal a lire avec leur vue défaillante. Heureusement il y a des associations qui proposent des services « clés en mains » mais là aussi on a de tout. Du meilleur, heureusement avec des gens merveilleux à qui je tiens à rendre hommage, mais aussi du pire. Dès qu’on parle avec les professionnels du secteur, les familles, les vieux, on entends malheureusement que les cas d’abus sur les personnes âgées du genre chantage aux sentiments, intimidation, maltraitance, vols sont réel et quasiment incontrôlables.

Des services peuvent être proposés comme le portage de repas à domicile. C’est une bonne chose mais du coup il peut y avoir des gens qui ne sortent quasiment jamais de chez eux puisqu’il n’y a plus les courses à faire. Et il faut citer aussi la télésurveillance, c’est un petit appareil que la personne doit porter sur elle en permanence et qui envoie une alarme a une entreprise spécialisée si la personne presse sur le bouton. Bien pratique en cas de chute. Cependant j’ai plusieurs exemples dans mon entourage de refus de cet appareil perçu comme un contrôle de « s’ils ne sont pas morts » et au final comme une solution pour qu’ils continuent à être seuls…

Pour les sommes toutes rares personnes qui ne veulent pas rester chez elles et qui ont la chance d’être pourtant complètement valides, il existe aussi des « foyers logements » et la version chic, les « résidences service ». Là le vieux réside dans un appartement particulier, tout en disposant de services collectifs. Comprenez bien, ca coûte cher…

Mais je reprends, si j’essaye de brosser le portrait du vieux dans un environnement classique. C’est une vielle elle est chez elle, elle a quelqu'un qui l’aide une ou deux heures par jour, ou un ou 2 jours par semaine, elle passe tous le reste de son temps devant la télé…
Donc j’en arrive au point suivant, les vieux sont tristes…

Ils sont même très tristes, pour vous donner une idée, l'incidence de la dépression dans la population générale est de 3 à 16 %. Les chiffres sont vagues car très difficiles à obtenir. Elle serait de 15 à 30 % chez la personne âgée et en maison de retraite elle atteint 15 à 45 % des patients soit 3 à 4 fois plus que la moyenne. On est loin de l’éden de fin de vie vendue par les placards publicitaires dans les revues pour vieux.
Et quand il déprime, le vieux se suicide facilement, le risque suicidaire est supérieur à 10%.
Pour une femme de 20 ans le rapport des tentatives de suicide sur les réussites est de 160 tentatives pour un suicide, par contre, avec l’expérience on semble plus performants et à l'âge de 65 ans, le rapport est de trois tentatives pour un suicide féminin. Chez l’homme le suicide est beaucoup plus fréquent encore, 2/3 des suicidés de plus de 65 ans sont des hommes) et le rapport est de 22 tentatives pour un suicide masculin à 20 ans, contre pratiquement une tentative pour un suicide masculin à 65 ans…

Là encore on est mieux chez soit, car le taux de suicide en maison de retraite est beaucoup plus élevé qu'à domicile. Un conseil, si vous connaissez un vieux qui fait une tentative de suicide, considérez cela comme une extrême urgence…

Troisième point que je vais traiter, les vieux sont malades. C’est une affaire bien connue, plus on est vieux plus on a tendance a être malade. Je vais vous épargner le catalogue des maux qui peuvent advenir, disons pour simplifier que deux types de maux posent problème, ceux qui donnent un handicap physique et ceux qui donnent un handicap mental.
Quand le handicap physique arrive, c’est là qu’on réalise à quel point nos logements ne sont pas fait pour des impotents. Comment faire la cuisine le ménage, sa toilette quand on tiens mal sur ses jambes ? Comment téléphoner, lire, écrire, ce qui est si indispensable pour gérer les aides d’ailleurs, quand c’est la vue défaille ?
Mais le pire c’est incontestablement les troubles cognitifs. Comme je suis une spécialiste du sujet je me suis fait violence pour vous épargner la description de ce qui peut arriver, je vous présenterai uniquement et très brièvement la maladie la plus fréquente : la terrible maladie d'Alzheimer.

J’ai pris un petit résumé sur le site de l’association France Alzheimer : « La maladie d'Alzheimer est une maladie dégénérative du cerveau évoluant vers un état de démence. Elle frappe, d'après les estimations actuelles, 5 % des personnes de plus de 65 ans et 25 % des plus de 80 ans.
La "Démence de Type Alzheimer" représente à elle seule 50 % des démences. De plus, elle apparaît souvent en association avec des atteintes vasculaires cérébrales ce qui fait qu’elle est impliquée au final dans 70 à 75 % des cas de démence.
Elle débute par des pertes de la mémoire récente et des troubles du comportement, puis évolue vers la disparition graduelle de toutes les facultés intellectuelles et physiques conduisant le malade à un état de dépendance totale.
La durée d'évolution de la maladie varie de trois ans à plus de vingt ans; avec une moyenne de huit ans. Elle est actuellement incurable.

A cela j’ajouterai qu’elle a un effet complètement dévastateur dans les famille. Et pour cause, c’est extrêmement dur à gérer, à supporter à vivre. Ses enfant sont les premiers à devoir gérer la personne malade, et souvent j’ai pu constater à quel point ils sont démunis, ils ne connaissent quasiment rien de la maladie et ne comprennent pas les réaction de la personne malade. Ils sont dépassés par son agressivité, son activité nocturne, la fluctuation de son état et déstabilisés par les annonces de découvertes de vaccin ou de traitement révolutionnaire tous les 6 mois par les médias. Les institutions d’accueil des malades sont insuffisantes et font peur par leur manque de moyens et de personnels, par les bruits qui courent de maltraitance physique ou morale, par le coût prohibitif de certaines, sans parler du sentiment de coulpabilité éprouvé par la famille…

La possibilité d’avoir des soins à domicile existe mais la mise en place de ce système est réservé aux personnes qui ne vivent pas seules évidemment, enfin cela devrait être le cas du moins.

Mais il faut bien se rendre compte que plus la maladie évolue et plus la personne va avoir besoin d’une surveillance permanente. Jour et nuit. Il y a des personnes qui prennent seules en charge leur vielle maman malade, c’est surhumain et c’est psychologiquement insupportable. Généralement on culpabilise à l’idée d’une institution, on recule, et malheureusement quand on le fait c’est trop tard, a partir d’un certain stade le malade perd la capacité a créer des nouveau souvenirs et donc ne peux pas s’habituer a un nouvel environnement en plus les délais d'admission sont en général très long et il vaut mieux ne pas agir dans l'urgence pour avoir véritablement le choix.

Le choix d’ailleurs est limité, c’est soit la maison de retraite avec "section de cure médicale" permettent d'effectuer des soins sur place soit les centres et unités de long séjour, souvent intégrés au sein d'un hôpital et qui accueillent les personnes nécessitant des soins médicaux importants et constants. Ils sont financés directement par l'assurance maladie. Mais attention : seuls les frais médicaux sont pris en charge et non les frais d'hébergement. Il existe aussi des résidences médicalisées, relevant du secteur privé, parfois spécialisées dans la prise en charge des personnes âgées souffrant de détérioration intellectuelle.

Bon, je ne veux pas m’enfoncer plus avant dans ce sujet là même si dans la question « que faire de nos vieux » le fait qu’ils soient déments est assez capital.

Il y a la question du coût aussi…
En institution, le coût moyen mensuel restant à la charge des personnes était en 2004 entre 1000 et 1800 euros (très variable selon les régions), et ce pour les établissements habilités à l'aide social, les prix sont paraît il très supérieures en établissements privés.
La retraite moyenne d'une personne âgée de 82 ans est de 1000 euros.

Maintenant dans le « Que faire de nos vieux » ? Il n’y a pas seulement une question financière ou matérielle, il y a avant tout une question et des choix de société…

Personnellement j’ai vécu une expérience très différente ayant grandit au Sénégal, j’ai vécu dans une maison qui regroupait trois générations et mes grands parents ont été partie prenante dans mon éducation. C’était la norme au Sénégal, comme partout en Afrique, je n’avais jamais entendu dire, avant de venir en France que les vieux pouvaient ou devaient vivre sans leurs enfants. La question ne m’avait même pas effleurée. Quel choc a été la découverte des maisons de retraite et des vieux tout seuls chez eux. De la notion de vieux sages j’ai atterris dans celle des vieux acariâtres.

Bien sûr on ne peux pas comparer le modèle Africain au notre, il n’est d’ailleurs pas choisi, il est la conséquence d’une situation économique et démographique, il a aussi ses problèmes comme la grande promiscuité. Néanmoins il est intéressant de voir à quel point il est porteur d’autres valeurs. En vivant en Afrique j’avais le sentiment que vieillir était une bonne chose, les vieux, même déments étaient une évolution souhaitable.

A coté de cela je vois ici une notion désagréable de la vieillesse. Peut être que certains d’entre vous ont ressentis un petit pincement quand ils ont lu que je parlais des « vieux ». C’est vrai cela ne se dit pas, on dit les « personnes âgées »… Pourquoi ?
J’ai l’impression qu’il est politiquement incorrecte de vieillir et d’en avoir l’apparence. Dire à quelqu'un qu’il est vieux est quasiment une insulte. Il faut rester jeune à tout prix, jeune en apparence, jeune en pensée il faut avoir les goûts et les loisirs des jeunes… Finalement est ce qu’on aime vraiment les vieux ?

Trouver une place aux vieux est un problème complexe. Du fait de nécessités économiques, les gens sont amenés à chercher du travail loin, dans ce contexte, une famille nucléaire s’exporte plus facilement qu’un troupeau familial. Et puis les logements sont chers et petits, pas du tout adaptés à la mémé qui se déplace avec son déambulateur. Le taux de natalité est bas dans les sociétés industrialisées ce qui fait peser la charge de travail inhérente à la prise en charge d’une personne handicapée sur un petit groupe, voir sur des personnes seules. Les gens travaillent longtemps et les revenus sont bas, comment payer une aide à domicile à plein temps quand il faut aussi s’endetter pour le logement et assumer les enfants ? La solidarité intergénérations s’appuie aussi plus facilement sur des familles soudées, à l’heure ou les taux de séparation des couples explosent ce n’est pas évident.

Sur tout cela il est extrêmement difficile d’agir, mais est ce que la société souhaite agir ? Est ce que la situation conviens à la majorité des gens ou non ?

Je ne sais pas quelle est la réponse à cette question là, en terme de majorité s’entends, il est évident que comme chacun j’ai mon opinion individuelle.

J’ai fait un petit test sur cette question, j’ai essayé d’aborder la question de « garderiez vous vos parents ou vos grands parents chez vous ?» avec des copines de mon âge et sur un forum sur internet. Les réponses m’ont surprise.
Majoritairement les personnes considèrent impensable de prendre leurs parents avec elles pourquoi ? Les raisons invoquées sont les appartements sont trop petits, les vies professionnelles trop remplies, et si on précise la question en ajoutant « le feriez vous si vous en aviez les moyens matériels ? » les réponse, là plus souvent anonymes, font état de caractères inaccordable, belle mères insupportables et aussi du fait qu’il faut absolument préserver en huis clos la vie de couple… Chose surprenante je dois avouer car personnellement ma vie de couple est bien meilleure quand un grand parent vient garder les enfants pour nous permettre de sortir… Beaucoup disent aussi que ce sont les personnes agées qui ne le veulent pas.
Au fond de cela il y a peut être une vision individualiste de la société et une certaine idée que les vieux n’ont plus de rôle à jouer dans leur famille. Même au niveau de l’expérience, avec l’évolution rapide des techniques les vieux se sentent d’ailleurs dépassés sur bien des points. Ils pourraient prendre en charge l’éducation des petits mais là aussi certains grand parents se considèrent en vacances de leur rôle éducatif par rapport aux plus jeunes. Beaucoup disent que « les grands parents sont là pour "profiter" des petits enfants et non pour les éduquer ». Je l’ai entendue souvent cette phrase. D’ailleurs cette idées que l’éducation est strictement réservée aux parents et aux professionnels est assez répandue. Essayez donc de faire une remarque à un bambin qui fait un caprice dans un supermarché…
La société semble avoir cessé de penser que le rôle éducatif appartenait à chaque adulte.
De même l’aide sur les tâches familiales n’est plus une évidence. La relation d'aide est de plus en plus limitée à un apport financier...

Mais paradoxalement j’ai aussi parlé avec certaines personnes âgées seules et qui souffraient cruellement de cette solitude et beaucoup ne remettaient absolument pas en cause ce modèle !

Cela dit, parallèlement j’observe aussi la situation inverse, les grands parents qui font la garderie de leurs petits enfants semblent quand même assez fréquents.

Finalement quelle société voulons nous ? On peut difficilement dire qu’il faut simplement laisser le choix aux gens, les circonstances économiques et sociales font que généralement le moment venu de prendre une décision il ne s’agit plus d’un choix de vie mais de faire le moins pire possible.

Les choix doivent se faire en amont par la société en fonction de ce qu’elle peut faire mais aussi de ce qu’elle veut et des valeurs qu’elle aura développé.
Moi je propose que chaque citoyen se questionne sur la place qu’il aimerait avoir en vieillissant et sur ce que la société devrait faire en amont pour cela…

Pourquoi j’ai écrit ces réflexions ? Je m’interroge sur mon propre avenir… Je n’aime pas le système de regroupements par âge qui se fait actuellement… des crèches, des maisons de l’adolescent, des maisons de retraites, pourquoi les gens doivent ils être avec des personnes de leur âge ? J’ai fait le rêve de monter une institution mixte, enfants, personnes âgées, personnes handicapées. Une utopie, cela me paraît infaisable… Regrouper les problèmes ne me semble pas mieux au final que de regrouper les gens par catégories d’âge, j’imagine la catastrophe… au fond ce que j’aimerai ce serait plutôt que la société intègre tous ces individus... Alors comment faire ?
Je fais appel à vous, lecteurs anonymes, aidez moi à progresser dans ma réflexion et dans ma démarche SVP.