mardi 13 mai 2008

Cancer: une vie normale ?

Bientôt la fin de la chimiothérapie ?

Je n’ose pas trop le dire, la prochaine sera “la dernière”, “c’est la fin de la chimiothérapie”, je n’ose pas car une fois le cancer entré dans votre vie, il s’installe dans l’ombre pour toujours.
Alors dire “c’est fini” cela parait être comme une provocation faite à la bête, une pauvre tentative de conjuration du futur.
C’est fini ?
Qui sait...
A présent place à la radiothérapie... et après ?

Et dans c’est fini, à moins de mourir sur le champ il y a “ça commence”. Qu’est ce qui commence ? Qu’est ce qui à changé ?

Une personne m’avait posé cette question sur le Blog il y a quelques mois, j’avais dit que je répondrais, la question a fait son chemin depuis...

Une chose étrange à changé, c’est mon regard sur la mort, la mienne et celle des autres. Avant, je savais que je mourrais un jour et la chose me faisait peur, mais je m’en sortait en repoussant le problème à plus tard, une chose “lointaine”, une question pas d’actualité. Un arrière fond de lâche espérance de “et si un jour on trouvait de quoi y échapper ?”.

Maintenant j’ai compris que la mort n’est pas lointaine mais nous concerne tous. J’ai compris aussi qu’elle est souhaitable et utile. Je ne dirais pas que je n’en n’ai plus peur, ce serait mentir, j’ai conservé mon instinct de survie qui me dit que je veux vivre le plus longtemps possible, mais j’ai apprivoisé l’idée.
J’arrive aussi à envisager que ceux que j’aime puisse poursuivre une vie heureuse sans moi et je gave littéralement mes enfants de câlins, de bisous, d’amour pour que quoi qu’il arrive ils se rappellent toujours que leur mère les a aimé, qu’ils aient cette confiance en eux qui leur permettra de donner et de recevoir de l’amour par d’autres.

Ce sera fini... reprendre une vie normale ?

Je regardes mon buste amputé, mon bras enserré dans un manchon, mon visage défiguré par la chimiothérapie, mon corps gonflé par les corticoïdes, le cancer qui sera tapis dans l’ombre pour moi et peut être ceux qui portent mes gênes, toute cette chaire martyrisée.
Je repense à mon enfance africaine, je pense aux changements climatiques, aux malheurs qui vont s’amplifier, surtout pour les plus pauvres.

Je pense aux injustices, aux enfants sans avenir, à ma vie de consommatrice aisée, aux jouets en plastique, au pétrole qui s’épuise et dont les pays propriétaires sont tyranniques pour un certain nombre, à l’agriculture intensive, aux famines à venir...

Une vie normale ?

MAIS C’EST QUOI UNE VIE NORMALE ?

13 commentaires:

  1. C'est une très bonne question. Par contre , je crois que toute réponse serait, forcément, une mauvaise réponse.
    des bises, plein.

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  2. il n'y a pas de vie normale, comme il n'y a pas de normes d'ailleurs. Il y a la vie, telle que tu la façonnes.

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  3. Une vie heureuse, je comprends à peu près ce que ça veut dire, même si chacun a sa propre idée du bonheur. Mais une vie normale, fichtre...

    "... qu’ils aient cette confiance en eux qui leur permettra de donner et de recevoir de l’amour par d’autres" (in Tili).

    J'ai le coeur qui rit en lisant ça, c'est tellement vrai...

    Courage pour la suite, ma belle !

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  4. La vie "normale"?... je ne sais pas... tout ce que je sais c'est qu'il y a des bouts de vies... des petits moments de grand bonheur ici et la... d'autres plus tristes... des gens qui apportent tellement sans le savoir... et ceux qui ne laissent que du vide... des souvenirs en pointilles... des regards en avant... et en arriere... et puis le tout-de-suite-la-maintenant... les choix que l'on fait... et ceux que l'on evite... je pense qu'il n'y a du "normal" que pour soi-meme... notre "normal" ne l'est jamais vraiment pour les autres... C'est ce qui fait que l on est tous "beaux" quelque part... il faut juste regarder sous le bon angle :-)
    Des bisous pour toi

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  5. Pour être passée par là et il n'y a pas si longtemps que ça (mes premiers examens de contrôle hier matin) je sais ce que tu ressens.
    Le cancer, comme toute maladie grave, nous oblige à remettre de l'ordre dans nos priorités de vie, nous oblige à ouvrir les yeux, nous obligent à nous battre. Nous sortons donc obligatoirement différents de cette bataille... Maintenant, comme cette bataille nous est personnelle, propre, intime, solitaire, nous sommes les seuls à savoir ce qui, pour nous, à changer.
    Je sais que pour moi, j'ai appris à dire "non"... mais "non" pas n'importe comment (un peu long à expliquer), j'ai appris aussi à profiter de tous ces petits instants de bonheur quotidien qui s'offre à nous et que nous zappons le plus souvent...et plein plein d'autres choses encore.
    Mais après tout, qu'est ce qu'une vie normale? on peut aussi se poser la question !!! Non?
    Je t'embrasse.
    Béatrice

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  6. Il n'y a effectivement aucune normalité dans la vie, et quand le cancer entre dans une famille, ça laisse automatiquement des marques (j'ai vécu cela avec un membre très proche de ma famille et le souvenir de tous ces événements restera à jamais dans ma mémoire)

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  7. Je voulais dire qu'il est tres difficile de definir la normalite, on est toujours l'anormal de quelqu'un puis j'ai lu le commentaire de Dragona et je dis tout comme elle du debut a la fin.

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  8. Une vie normale, c'est quoi, dis tu ?
    Apparemment personne ne sait répondre à cette question. Les bouddhistes disent que la vérité se trouve dans "l'ici et maintenant". C'est sans doute vrai mais quand l'instant présent est difficile à vivre, comment ne pas avoir envie de le fuir ? En prenant de l'âge, on apprend aussi l'impermanence de la vie. Après les moments difficiles, viennent des moments plus faciles. On apprend en efet que rien ne dure...et on essaie d'apprécier un maximum les joies que la vie nous offre.Et quand ce n'est pas joyeux, on se dit que n'importe comment ça ne va pas durer !
    Et puis, tout cet amour pour tes enfants, ça c'est vraiment "cadeau" aussi bien pour eux que pour toi d'ailleurs. Un vrai beau cadeau...

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  9. on vit tous avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, tout en essayant de ne pas y penser pour faire toutes les choses que la vie requiert, mais je suppose qu'avec un cancer actif dans sa chair cette épée est quasi omniprésente, elle étend son ombre sur presque toutes tes activités et tes pensées. Reprendre une vie "normale" ce serait par exemple passer des jours entiers en oubliant que tu es mortelle. ce qui est déjà pas mal.

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  10. Merci de vos réponses...
    Ahhh que je suis prise de tête hein, je crois que je vais pouvoir mettre cela dans le Tag de ma'cha ;-)

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  11. Tiens, encore une fois mon commentaire est passé à la trappe... Blogger est fâché avec moi, je n'arrive pas à poster sur de nombreux sites.
    En fait je t'avais fait une bise et annoncé que la loi OGM était pour l'instant dans les choux. Mais ce n'est plus un scoop. Façon de dire que rien n'est figé et que la vie reprend sa place. Rebises.

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  12. Je me pose la même question. Pas pour les mêmes raisons… Mais je me dis : je suis dedans, qui aura-t-il après . Y aura-t-il un après ?
    Reprendre une vie normale. Mais est-ce que les accidents de vie ne font-ils pas partie d'une vie normale justement...

    Et puis j'arrête d'y penser, parce que je n'aime pas me prendre la tête avec ce que je ne maîtrise pas. J'ai la tête dans le guidon, on verra si un moment j'arrive à souffler.

    Cela dit, pour avoir vu à l'œuvre des ravages du cancer chez des amies très proches, qui s'en sont sorties, je peux te dire que physiquement, il y a une certaine normalité qui revient. Intérieurement, je ne sais pas. JE ne suis pas dans leur tête et j'imagine qu'il y a des choses qu'elles ne me confieront jamais. Mais physiquement, les boursouflures, les cheveux..., tout disparaît sans traces (sauf peut-être plus de cheveux blancs…) Il reste l'opération, mais ce n'est pas apparent pour les autres. Il te restera à gérer ton intérieur, ce sera ta vie normale à toi...

    PS : tu m'as mise deux fois dans liste des participants au concours de printemps, j'en suis honorée, mais une fois suffit ;-)

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