mardi 13 avril 2010

Chuuuut je vais parler de cancer...

Chuuuut je vais parler de cancer...

Enfin de "l'après cancer", de la période sans nom.
Sans nom car on n'est ni guérit ni malade. On attend. On attend, durant 5 ans, période probatoire après laquelle, si aucun nouvel épisode cancéreux n'est apparu on pourra peut être prononcer le nom de "rémission complète" pour certains et "guérison" pour les plus optimistes.
Ces 5 ans correspondent au temps qu'il faut attendre pour être sûr qu'il n'y a pas une petite métastase quel que part qui aurait échappé aux traitements...

Vous le savez, pour ma part, j'ai arraché au sort une attente extraordinaire, une attente où je goutte chaque seconde de cette nouvelle vie dans un tour du monde incroyable.

Je sais que vous êtres quelque unes à me lire, qui avaient traversé cette épreuve, pas "la même", bien sûr, nous la vivons tous différemment mais il y a des choses qui nous rapprochent. Et d'autres qui recherchent dans mes écrits le moyen de soutenir des proches...

Alors je ne vais pas vous mentir.
Faire le tour du monde ne m'empêche pas d'y penser, d'avoir peur parfois...

Hier soir, par exemple je sentait une odeur désagréable, comme "chimique". Les enfants ne sentaient pas. Je demande à mon mari qui ne sentait pas non plus. Et là, d'un coup, la peur insupportable. Et si c'était le signe d'une tumeur cérébrale sur le cortex olfactif ?
Je me recroqueville dans le coin du canapé...
Le Chum me voit. Il connait cette réaction. Il y a quelques jours en arrière, après avoir dit en parlant d'un set de table "il est sur le four" au lieu de "il est sur le réfrigérateur", je me voyais déjà avec une maladie d'Alzheimer. Et heureusement que je me souvenais que ma mère avait eu cette même peur après sa chimio, au point que je l'adresse à un ami neurologue qui l'avait gentiment rassurée (merci encore Bruno pour ça).
Le Chum se penche vers moi et d'une voix très douce m'explique qu'il ne sent rien car il a le nez bouché et cette odeur est probablement celle de mon ordinateur qui chauffe...
C'est fini, je respire.

Ces moments de peur sont brefs mais intenses, voyager me permet d'investir mon énergie dans autre chose que la peur et la dépression, cela me tire en avant. Cela avance le temps de façon plus élégante, ce temps qui passe et qui sera durant encore 3 ans plus porteur de vie que de mort. L'étrangeté de cette situation du temps qui m'éloigne de la mort n'en fini pas de m'étonner.

Voilà, c'est tout ce que je voulais vous dire, j'aimerais en parler avec celles qui... Mais je ne voudrais pas les forcer à regarder cette chose là en face comme ça, juste parce que chacun doit le gérer en fonction de ses forces...

14 commentaires:

  1. Même parcours ou presque...je n'en suis qu"à...je ne sais plus. Je prends sagement mon ami harry tous les soirs et j'espère très fort qu'il m'aidera à résister. J'y pense de moins en moins tout en me disant (au fond, très profond, très très profond de moi) que c'est inévitable. Je souhaite juste avoir le temps de voir mes fils "installés" dans une situation qui leur plaient (ils sont bien plus grands que les tiens !). Je voudrais que mon petiot ait le temps de me faire un super massage avec ses doigts de futur kiné et rouler sur l'autoroute que mon grand aura "construit"!!! voilà et le reste du temps je profite de tous mes bons moments. Je te suis fidèlement sur tes deux sites et trouve formidable cette aventure familiale. C'est peut être la meilleure solution pour profiter au max et au mieux des tiens ! tu es pleine de force et quand celle-ci faiblit un peu, compte sur ton chum qui semble être à l'écoute!
    a tchao !

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  2. Ça me rappelle le truc du chapeau... Un jeune homme de 25 ans perd son chapeau : " merde j,ai encore perdu mon chapeau!" un homme de 65 perd son chapeau... ça y est, la sénilité me rattrape, je ne suis même plus capable de me souvenir où j'ai mis mon chapeau, ça doit être une maladie liée à l'age, c'est terrible de vieillir, je suis misérable etc. etc...

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  3. Je ne l'ai pas vécu mais tant autour de moi. Je vois dans leurs yeux cette force particulière de celles qui ont traversé le feu, et cette peur aussi que ça revienne. Il ne peut pas ne pas y avoir la peur. La rejeter la rend plus forte encore.Alors peut-être l'accueillir, l'explorer, en prendre soin, en sourire, pour mieux profiter aussi de la vie.
    Des bises pleines de tendresse

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  4. Ton chum te connaît, te comprend et te réconforte, ça me réchauffe le cœur de le savoir auprès de toi dans ces moments-là, de savoir que tu n'es pas seule avec tes craintes.

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  5. j'ai une amie qui a guéri complètement de son cancer du sein. Puisque ça fait 11 ans. Mais à chaque anniversaire, jusqu'au cinquième, elle a déprimé. une mois avant, de trouille, un mois après, pour s'en remettre...
    La peur est inévitable, ton amour de la vie et celui de ton Chum sont les plus forts !
    bisous !

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  6. Lise a dit bien mieux que je n'aurais pu le faire. La vigilance est aussi un garde-fou, votre mari et vos enfants sont les autres. Take care, oui, prenez soin de vous, y compris de cette partie de vous qu'est cette crainte.

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  7. Toi qui vit ce que beaucoup rêvent de faire, ou ne rêvent plus d'ailleurs, c-a-d un tour du monde avec ta famille, quel bonheur... mais tu nous dit que cela n'empêche pas de vivre l'après-cancer comme nous toutes dans notre quotidien plus étriqué. Grrrrr ! Satané cancer. On ne s'éloigne pas de lui comme ça. Il faut plutôt dompter la bête que de partir en courant ! Ceci-dit, tu es pour moi un exemple de ce qui est possible, et ça c'est génial :o))))))))))))))))
    Encore 3 ans pour moi aussi...
    Par contre, je n'ai pas ton imagination : le coup de l'odeur 'chimique' et du cortex olfactif !
    Faut-il en rire ou en pleurer ? Ne dit-on pas 'heureux les simples d'esprit' ?!
    Bisous
    Méli

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  8. Je n'ai pas vécu ça, mais grâce à toi je comprends mieux ce que peut ressentir ma soeur ! Elle n'a malheureusement pas la chance d'avoir un Chum comme le tien ...longue histoire. Cette maladie est aussi un révélateur de couple. Bon courage !

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  9. Fredo, inévitable ? J'espère bien que non, je vis avec l'espoir que ce soit fini et que je retourne à une vie de mortelle classique.

    Moukmouk, oui, c'est vrai, c'est la peur de tout poils qui fait ça.

    Lise, en sourire, j'essaye oui :-)

    Capitaine Lili, oui, je suis sûre que tu comprends, merci :-)

    Sissi, pensée aussi :-)

    Névro, oui :-)

    Guilitti, :-)

    Nicole, j'essaye de prendre soins.

    Mélilotus, nous sommes tous pareils face à la maladie, hélas d'un côté mais tant mieux si cela nous permet de nous entraider :-)

    Vivement, oui, le couple est mis à nu dans ces situations et je sais malheureusement combien cela a révélé d'horreurs pour d'autres femmes :-(

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  10. Joli ce mot du jour et ces réponses si tendres ,si franches ,si simples...
    Moi,je n'ai plus peur de ce mal. Mais vivre chaque jour,n'est-ce pas aussi affronter des risques,se construire soi et avec les autres.C'est bien cela vivre,et éluder les "petites peurs "qui laissent si fragiles certains moments,mais avaler sans réserve les merveilles de jours comme ce tour du monde,une ballade,un rire d'enfant...etc.merci pour vos partages et plein de tendresse à vous repasser pour tous les jours à venir.

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  11. et oui comment oublier,depuis trois ans pour moi ,enfin bientôt,et à chaque date anniversaire c'est les examens .........brrrr!!la trouille me prend 1mois avant ,bon un petit voyage (pas un tour du monde comme toi)prévu entre deux exam me fera peut être moins y penser ,mais aussi je suis devenue hypocondriaque !!

    bon bref toutes dans le même bain et cela rassure tout de même d'avoir ces mêmes réactions face à ce cancer !

    très chouette ton tour du monde

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  12. Pour moi ça ne sera jamais fini puisque mes chimios c'est à vie et j'ai déjà le summum qui me sera jamais accordé : rémission totale.
    J'ai eu beaucoup plus de mal à reprendre une vie normale sans me sentir envahie par ce cancer que lorsque j'étais dans les traitements.
    Je t'assure que le temps sans angoisse, sans récidive fait son oeuvre et nous apporte un peu plus de sérénité chaque jour. Il suffit de vouloir vivre, profiter de la vie, profiter de la journée qui vient. Personne n'est assuré de vieillir plus vieux que toi, la différence c'est que tu en es consciente.
    Continues à faire comme tu fais, à te donner les moyens de donner un sens à ta vie, à vivre tout simplement maintenant.
    Et puis le cancer nous a tellement tourmenté, tellement impressionné, qu'il en faut du temps pour arriver à lui laisser un peu moins de place dans nos pensées.
    Je suis impressionnée moi aussi de la façon dont j'arrive à vivre tout en me sachant sous traitement à vie, en sachant que mes médecins ne comprennent pas pourquoi je suis toujours en vie, pourquoi je n'ai toujours pas récidivé, je prends ce que la vie m'offre de mieux, je suis heureuse tout simplement et je me réjouis chaque matin de la journée qui m'attend.
    De moins en moins, j'associe le cancer à mes douleurs, de moins en moins il me fait peur. Ca fait 4ans.
    Je te souhaite la même chose et je suis certaine que ça sera pareil pour toi.

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