mardi 16 juin 2009

Livres de vécus du Cancer

La lecture du dernier message de Isabelle de Lyon m'a plongée dans une profonde réflexion que je vous invites à partager.

Elle y parle d'un livre, "La vie vaut mille maux" sur le Cancer.
Tu sais, Isabelle, je ne lis jamais ces livres...
Je n'ai pas dépassé le stade de la peur et ces récits, généralement très "médicaux" comme tu dis (j'en vois régulièrement des extraits) me "dérangent".

C'est bien que cette dame parle de ses émotions, mais la notion de "livre" reste froide pour moi, car je ne conçoit laisser sortir ces sentiments que dans l'échange et la communication, sinon c'est de l'angoisse pure...
Lire dans un livre les angoisses d'une autre femme à laquelle je pourrais m'identifier, car elle a un cancer, car est trentenaire, car a des jeunes enfants c'est insoutenable pour moi. J'aurais envie de lui parler, de communiquer avec elle. Je ne pense pas que ses émotions sans "échanges" puisse m'apporter quelque chose. Car ces émotions liées au cancer, je suis forcée de les vivre, je n'ai pas choisi, et la façons dont je les affronte est unique, je ne peux pas "copier" les émotions d'une autre sauf à me noyer.
J'en ai lu un de livre, au demeurant très bien mais à chaque fois que je me reconnaissais dans l'émotion vécue par la jeune femme je ne pouvais pas m'empêcher de penser jusqu'où irait la ressemblance ? Et de me dire que même sur le chemin de la mort, nous ne sommes pas originaux. Non, décidément je préfère me sentir seule maîtresse de mes émotions et de mon chemin.

Je préfère les blogs pour partager les émotions avec d'autres cancéreux ou non. Car nous parlons de la vie, au présent, et chacun interagit avec les autres. Car notre avenir nous le construisons. Car rien n'est fixé tout est possible. Car nous laissons libre cours à nos instincts d'animal social qui se blottit dans le groupe pour se protéger de ses blessures.

Si je dois me retourner sur le cancer, je dirais que cela m'a appris à communiquer, à oser appeler au secours, mais j'ai beau positiver tout ce que je peux, cela me laisse quand même une immense blessure à l'âme.
La vie insouciante est finie, maintenant je vis chaque jour consciente de ma mortalité et de celle de ceux que j'aime.
Et c'est lourd à porter, avec tout ce que cela comporte de culpabilité et d'angoisse par rapport à nos jeunes enfants qui ont désespérément besoin d'une Maman, à nos parents, nos frères et sœurs qui sont toujours trop loin, qu'on ne voit jamais assez, nos amis qui auraient besoin de nous aussi. Tout ce petit monde qui pourrait souffrir d'une éventuelle victoire du cancer sur moi.

Bon sinon, rien à voir avec la choucroute mais j'ai téléphoné hier soir, la vétérinaire du Zoo dit que les bébé Hérissons vont très bien, elle a pu les débarrasser de leurs puces et ils tètent goulument.

10 commentaires:

  1. Je ne me crois pas assez costaud en ce moment pour me plonger dans ce livre ;)

    Par contre je suis super émue que les petits hérissons aillent bien.

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  2. Oui, toutes nos émotions de "malade" ne sont souvent comprises que par ceux qui de très près ou d'un peu plus loin ont vécu ces angoisses.Pouvons nous parler de vie?De survie?Si nous pouvons échanger donc, parfois, je n'ai jamais pu , à travers un écrit faire vivre ce "moi" différent.Je comprends donc ce que tu écris et comprends aussi ce que me disait mon père quand il souhaitait entrer à l'Académie franaise!Pourquoi? Pour devenir un Immortel , me disait-il! Toutefois, il avait plus de 90 ans et n'était pas touché par le cancer...
    Chartres

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  3. Bonjour Tili,
    moi non plus, j'ai un peu du mal avec les livres vécus. Mais pour des raisons différentes de toi ou de Valérie, c'est parce que souvent, c'est pas très bien écrit. Même si les gens se livrent avec sincérité, il faut bien avouer que cela n'a rien de littéraire. Et je vais peut-être être taxée d'intello mais si on ne transcende pas son expérience, et qu'on la livre juste 'brut de pomme', cela peut éventuellement interesser les gens qui s'y retrouvent (dans ce cas présent, des gens ayant un cancer) mais pas facile d'y interesser les autres... Je dis ça parce que je viens de finir un 'vieux' livre (1997) 'le Scaphandre et le papillon', que je n'avais pas envie de lire à l'époque de sa sortie (très médiatisé et parce que justement je croyais que ce serait du 'racontage'), et là, pour moi, cela a été une révélation. Je rappelle vite fait pour ceux qui connaissent pas : c'est un court récit de J.D. Bauby qui à la suite d'une attaque, se retrouve totalement paralysé hormis un oeil. (Ouais, pas gai !) Cela s'appelle le Locked Syndrome. Bref, ce livre est magistral, dans tous les sens du terme. Car il va à l'essentiel, pas de pathos, juste des phrases ciselées (il n'avait que ça à faire que travailler son écriture), pas un mot de trop, une conscience de sa condition stupéfiante, et en prime une grosse dose d'humour, si si... Franchement, TROP beau. Bon en plus, pas de risque de s'identifier ! Pour moi, c'est vraiment un MODELE de ce que j'aimerais lire sur le cancer.
    Si vous avez des titres, je suis preneuse.
    Bizzzzzz

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  4. Ce livre à la différence des autres assez nombreux que j'ai lus est positif. Elle l'a écrit pour donner sa vision de la vie en tant que cancéreuse mais positive avant tout, aimant la vie malgré tout ce qu'elle lui fait subir. Elle écrit ce livre 9 ans après son diagnostic, avec du recul.
    Je la trouve formidable, j'aime sa force de caractère et sa façon de penser et de voir les choses. Je dois me reconnaître pas mal dans son mental, c'est ce qui doit me faire aimer ce livre.
    C'est vrai qu'un livre ne permet pas d'échanger, on peut se sentir impuissant devant toutes ses angoisses, assimiler notre sort au sien.
    Ce n'est pas ce que j'ai ressenti avec ce livre, je fais la distinction entre son cancer et le mien, son devenir et le mien. Ce qui me plaît, ce n'est pas de lire ses doutes, ses peurs mais sa force mentale, sa résilience, je la trouve communicative. Je trouve qu'elle peut redonner du courage à des femmes qui auraient envie de baisser les bras, qui seraient submergées par la peur.
    Son leitmotiv est de vivre tant qu'on est vivant, c'est ce que j'ai adopté depuis l'annonce de mon cancer.
    J'aime lire des témoignages de femmes qui ont la gniaque et hélas, il y en a peu. La plupart ne reflètent que leurs peurs, que leurs angoisses, que leurs douleurs, que leurs pertes.
    Le cancer n'est pas positif, mais ce n'est pas pour ça que notre vie doit devenir morose. La vie continue à être magnifique, elle vaut mille maux...

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  5. Oh ils vont bien ? Tant mieux.

    Pour les livres, j'avoue que je n'ai pas trop le courage. Les blogs c'est bien.

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  6. Oui, Isabelle, ce que j'essaye de dire maladroitement c'est que tu es beaucoup plus forte que moi. Tu arrives à prendre suffisamment de recul pour puiser les bonnes choses et absorber l'expérience des autres. :-)
    Moi c'est pas tout à fait ça encore. Par moments, si, j'y arrive à positiver à fond mais il suffit de l'approche d'un petit contrôle pour que ça s'arrête. Ensuite ça repart... Je ne te le cache pas, je n'arrive pas à lire parce que j'ai peur avant tout. Et vivre sa vie à fond, c'est fatiguant.

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  7. Tili, tu es une jeune femme epatante!!!!!
    Tu as bien raison de vivre tes emotions dans le regard que tu poses sur ceux que tu aimes et qui t'aiment. Ce sont la les vrais secrets de la vie.

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  8. Je comprends ce que tu dis . Et je comprends que tu n'aies pas envie de lire ce genre de livre. Tu dis préférer communiquer et tu le fais très bien. Je comprends aussi quand tu parles de blessure à l'âme, c'est sûr que tu as vécu quelque chose qui fait que ta vie et celle de tes proches ne sera plus jamais comme avant. Il faut ensuite essayer justement que cette nouvelle vie soit positive et pas tout le temps empreinte de peur et d'angoisse ( je sais , c'est facile à dire !) . Je me réfère toujours au vécu de ma soeur et malheureusement pour elle , ses proches voudraient faire comme si elle n'avait rien eu, comme si la maladie n'avait pas existé. Ils ne comprennent pas qu'elle ne peut pas l'oublier et qu'elle ait encore besoin d'en parler, de se rassurer de s'exprimer sur cela !
    Un blog pour cela c'est bien, quand on a besoin d'en parler on en parle, mais l'idéal c'est quand même quand la famille accompagne.

    Mélilotus parle du livre de Bauby "le Scaphandre et le papillon", j'ai lu ce livre lors de sa sortie j'en garde un souvenir superbe, c'est vrai que ce livre est merveilleusement écrit, pas de pathos, juste une grande envie de vivre et du bonheur ! Je suis d'accord avec elle c'est un livre comme ça qu'il faudrait sur le cancer !


    Pour finir : Super contente que les bébés aillent bien ! ;o)

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  9. Je ne lis pas non plus ce genre de témoignage .Je suis atteinte par la maladie, tout comme tant de femmes. Est ce que je peux oser dire ce qui va suivre?

    Après avoir été anéantie, sidérée (dixit mon oncologue), je me découvre découvrant la vie , l'aimant vraiment .Cela ne m'empêche pas de trembler et pleurer avant chaque contôle car j'ai maintenant pleinement conscience que cette vie peut s'arr^ter .Bref, ce n'est pas très clair, n'est ce pas?!!!!
    Chartres

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  10. Je vous trouve toutes très courageuses. Parler de la maladie à travers un livre ou un blog c'est toujours mettre son vécu à nu, mettre ses tripes et son coeur dans ce que l'on dit. C'est un combat difficile mais l'écriture permet de reconsidérer les choses, la vie, et d'avancer d'une certaine manière. Bravo pour cela Tili.

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