lundi 21 avril 2008

A regarder mon fils


Il pleut. tout à l’heure le petit rayon de soleil m’a permis de planter quelques graines de Kokopelli qui venaient d’arriver, tandis que le petit allait faire un tour de manège avec sa Mamie. Puis je me suis effondrée de fatigue, j’ai cherché le sommeil, vainement une fois de plus. Toutes ces petites douleurs que j’arrive à dominer en concentrant mon attention sur autre chose se mettent à hurler ensemble dès que mon corps se relâche, nulle position ne me permet le repos.
Je quitte le lit pour aller m’installer dans le fauteuil du salon, mon fils est dans la salle de jeux attenante, il joue avec des petites voitures.
Je reste là dans ce fauteuil sans rien faire, trop fatiguée même pour lire.
Cinq minutes plus tard une voiture apparaît sur le tapis du salon, puis une autre, une autre encore, un cheval, un nounours, mon fils trimbale subrepticement tout son barda pour s’installer devant moi.
Je ne dis rien, je regardes faire avec délice ce petit bout d’homme de 2 ans 1/2. Son jouet phare semble être cette grosse Cadillac grise que son grand père lui avait un jour déposé dans les mains en souriant. Elle fait le tour du propriétaire, monte le long du canapé en passant exactement à l’endroit où un bout de tissus touche par terre, c’est la route, elle roule le long du creux du canapé, il enlève consciencieusement tous les coussins pour que la route soit bien lisse, elle repasse par la même route pour descendre du canapé et va s’aligner le long d’un “pistolet-tournevis”. Chacune des autres voiturettes va suivre exactement le même parcours, avec les bruitages adaptés, avant d’aller s’aligner exactement à côté de la Cadillac. c’est important l’alignement, rien ne doit dépasser ! La Cadillac repars, elle passe sur des ponts, les coussins jetés par terre, puis elle se dirige tranquillement vers mon fauteuil et remonte le long de ma jambe, un nouveau pont, elle redescends par l’autre côté, “deux ponts“ précises t-il. Je ne dis rien, je le laisses continuer, je suis entièrement absorbée dans la contemplation du jeu de mon petit homme.
Plus tard, je m’allonge sur le canapé. Il me regardes et fonce dans la salle de jeux, il en revient avec un énorme coussin qu’il me fait mettre sous la tête. “Dodo Maman?” dit-il, puis il m’enlève mes chaussons et repars pour revenir avec un autre gros coussin qu’il me place sur les jambes, un plaid aussi et enfin tous les coussins qu’il a pu trouver se sont retrouvé sur Maman. Il regardes son œuvre satisfait. “Dodo Maman!” déclame t-il enfin. Je réclame mon bisou d’avant le dodo, un énorme bisou baveux atterrit quelque part vers mon œil et il re-part à son jeu.
Le petit cheval en plastique ramené de la foire devient tour à tour personnage qui “monte” dans la voiture faire un tour, enfant devant un Papa cheval en plastique, voiture, qui se gare dans le même alignement que les autres et enfin mur du garage de la Cadillac. J’ai bien trop chaud sous les oreillers, je tente de men débarrasser subrepticement. Il m’a vue, il vient se coller à moi. “Maman, y-est-ou Papa?”, son père est en congrès à Oxford pour une semaine, je ré-explique, Papa travaille, il va revenir dans quelques jours, tout à l’heure il te parlera au téléphone. Il réclame ses soeurs aussi puis retourne jouer. Tout a coup il revient vers moi “a-en-bon”. Je devines que ça sent bon, je viens de sortir du four le gâteau de Yaourt que Sa Mamie nous a fait. Moi je ne sens rien, ni goût ni odorat, c’est très étrange et désagréable comme sensation. Tu en veux du gâteau ? Oui bien sûr qu’il en veut. Le gâteau est chaud, je lui demandes d’attendre un peu. “A faud ateau ?” Me dit-il...
Ah mon bonhomme si tu veux manger du gâteau il faudra me le dire correctement, GATEAU. “AAATEAU”. Je lui met sa main sous ma gorge, GA, GA, vas y. “GAAAAATEAU”. “A faud GAAAAAteau”. Je vois qu’il est très motivé, je lui pince doucement la bouche, pas faud, CHaud, il essaye et finit par y arriver “A CHaud GAAAteau”. Bravo mon coeur il est tiède maintenant tu l’as bien mérité. Il mange son gâteau et je retourne sur le fauteuil. Maintenant les voitures prétendent toutes devoir se garer sur le repose pied de mon fauteuil, quitte à pousser les pieds de Maman qui gênent. Je proteste pour la forme, il rigole de bon cœur, non, c’est là Maman nul part ailleurs ne serait aussi bon que là tout contre sa Maman.

12 commentaires:

  1. Ton beau billet illustre parfaitement l'adjectif doux-amer. Il y a à la fois tout plein de bonheurs touchants, et puis cette fatigue et cette douleur qui sont (omni)présentes en toile de fond. On ne sait plis si on doit sourire ou s'attrister.

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  2. Qu'il est beau et tendre ce billet :)
    Cette fatigue immense et cet enfant qui vient pour, sans y paraître, apporter une douce force de vie.

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  3. Comme les enfants qui piquent des crises pour faire chier, le tien sait aussi parfaitement quoi faire pour te dire qu'il t'aime. Un enfant normal quoi...

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  4. Gros bisous à partager avec ton délicieux pitchounet.

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  5. un amour ce bout de chou, en plus il doit être content d'avoir sa maman rien que pour lui, c'est l'Homme de la maison en ce moment ;-)

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  6. Ton message était touchant, de petits riens peuvent effectivement nous remplir de bonheur malgrés les situations. Je suis de tout coeur avec toi.
    Bises

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  7. C'est superbe Tili, ton regard sur ton enfant, tes mots pour en parler, vos gestes mutuels. L'amour.

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  8. Courage Tili, Bisous et continue de donner plus d' importance a ces choses positives qui remplissent ta vie!

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  9. Toujours aussi mignon ce gourmand !
    Très joli billet.

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  10. L'a tout compris ce petit bonhomme!
    Spectacle plein d'émotion, à domicile pour maman ;-)

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  11. c'est si beau et si touchant e même temps
    je cris que ce petit bout sur 2 pattes te donne beaucoups d'énergies en sa présence, c'est un bon stimulant pour l'Amour d'une maman.

    Ma puce de 5 ans adore les autos et moi aussi j'aime la regarder faire bouger ses petites voitures, ci et la tout dépend ou je suis .. près de moi toujours.
    Ses petits sont si prenant et si attachant en même temps.
    bon courage a toi
    bisou partout sur tes bobos pour les atténuer..
    sylvie

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