dimanche 24 septembre 2023

Sept ans de silence...

 Cela fait environ 7 ans que j'ai disparue du web. Sept ans de silence...

Je "sortais" du cancer et j'éprouvais un "syndrome du survivant".
Et aussi un appétit de vivre ma vie comme si chaque jour était le dernier...


Je vous avais dit que je voulais tourner la page du cancer et aussi que je travaillais sur un projet de recherche et j'allais être recrutée dans un endroit ou on est invités au silence...


Alors, en vrac, je n'y suis pas allée finalement je leur ai dit non, mais j'ai poursuivi mon projet.

Des années à travailler le soir, après le coucher des enfants, d'abord seule puis avec le Chum puis une troisième chercheuse... Acharnée.

Des découragements, le Chum était là pour me dire qu'il y croyait. Des pannes d'idées, des blocages, des difficultés financières, des solutions...
Nous avions besoin d'argent, alors nous avons ... vendu notre maison ! 

Et on commencé les périodes de vache maigre. Plus de voyages - aller c'est plus écolo et des budgets serrés.

Et on a continué encore, un acharnement souvent incompréhensible pour bien des gens.  Même pour moi parfois. Mais j'y croyais, on allait réussir et ça sauverait des vies. Ça aiderait des centaines de millions de personnes dans le monde...

Alors c'est ça qu'on a fait, que j'ai fait, les jours, les soirées, des nuits, des week-end, les vacances...

Et puis un jour une présentation clé, une ovation de chercheurs, un concours gagné ...
Et me voilà dans le parcours de "l'Innovation scientifique", un parcours semé d'embuches et d’aberrations, des voies de garage, des violences, de la bêtise, la haine parfois, aveugle et incompréhensible mais l'amitié aussi et les mains qui se tendent parfois. Il faut revenir dans le monde et se battre je ne suis plus cachée je suis dans la bataille et c'est dur mais je suis tellement vivante, le cancer m'a donné une force que personne n'aurait soupçonné.

Me voilà à devoir créer une startup affiliée à deux très grands organismes de recherche, moi la petite maman qui bossais le soir après avoir couché les enfants, sans aucune étiquette, sans salaire et sans financement.. Mais libre, d'une liberté qui crée et qui dérange, parfois, souvent...

Un incubateur haute technologie, petit cocon dans un monde étrange où les femmes sont des ovnis invitées à ne faire que du cosmétique ou du social, se taire et disparaitre. Je découvre un monde encore plus brutal, injuste, violent où il faut se battre mais ou en tant que femme je suis invitée à être la personne gentille et soumise. Si je râle je deviens "l'hystérique" et on m'ostracise. Si je souris je suis "l'idiote", si je ne fais rien on prends ma place. Je découvre qu'aucune réaction n'est permise aux femmes. Que l'argent ne va qu'aux hommes, les femmes ont 5 fois moins de chances d'avoir des financements et ceux ci sont beaucoup moins importants..

Un petit concours et un peu de sous... Nous lançons une première étude de validité. Les résultats sont impressionnants, très très au delà de tout ce dont nous avions rêvé. Un coup de chance, on trouve un lien, quelque chose que personne n'avait jamais vu avant. Alors avec les 2 grands organismes de recherches on va déposer un brevet d'innovation scientifique.

Petit à petit je deviens quelqu’un d'autre, plus stressés, sous tension, plus colérique je doit montrer les dents, souvent. Je comprends en quelques années pourquoi les femmes qui réussissent semblent toutes sorties du même moule de violence et de hargne. Je comprends aussi comment on nous fait taire et comment cela se perpétue.

C'est un travail acharné et beaucoup de gens commencent à y croire aussi. Je ne sais plus qui je suis je dois diriger, rager, hurler avec les loups, me battre pour que mon projet avance.

Mais je gagne encore une fois et cette fois ci le plus grand concours à l'innovation scientifique du pays. J'ai moi même énormément de mal à y croire, cela me semble relever du miracle et je suis le coup de cœur du plus gros groupe d'accélération de l'innovation avec des sous à la clé pour pouvoir poursuivre les recherches. Je passe à la télé régionale, moi qui n'ai jamais eu de télé...

Je recrute, je deviens la patronne... Mais ça ne marche pas, ça ne suffit pas, on a eu des prêts il faut qu'on gagne de l'argent qu'on aille "sur le marché" et on n'a pas les connaissances de ça, pas les bonnes personnes, pas la puissance financière. On coule, petit à petit on coule. Il faut trouver de l'argent mais on est ruinés...

Je suis fatiguée je ne suis plus la personne que je voulais être, je dois arrêter ça. On décide de vendre cette merveilleuse technologie et de partir ou sinon juste d’arrêter et de repartir à zéro, mais d’arrêter, c'est trop dur. Oui j'ose le dire, c'était psychologiquement et physiquement trop dur pour moi.

Suis je faible ? Je ne le pense pas, je pense que les obstacle sont trop nombreux et que moi, cela m’amène dans une vie qui n'est pas celle que je veux. Alors on reprends le pouvoir, comme quand on a été pris dans un courent violent et qu'on réussit enfin à atteindre une planche et qu'on peut souffler pour nager vers le rivage.

Alors la semaine dernière, j'ai fait visiter Paris à des investisseurs étrangers qui ont pris l'avion uniquement pour me rencontrer et qui m'invitent à aller maintenant les voir chez eux et on va voir si ça colle.

Et puis j'avais un autre projet... Et celui là d'autres personnes veulent que je le fasse, et me proposent de me financer dès le début pour que je puisse faire ce que je fais le mieux sans avoir à vendre ma maison, une nouvelle innovation scientifique pour aider la planète.

Des portes se ferment, des portes s'ouvrent et je me retrouve, je respire un grand coup, je suis là, j'ai changé mais je suis toujours la même. 


Juste Tili et la vie est belle
Contente de vous retrouver tous :-)



14 commentaires:

  1. Moi aussi je suis contente de te retrouver!
    Sept c'est une sacrée tranche de vie.

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  2. A mon avis le problème c'est que tu as tenté ton projet en France, une société beaucoup trop sexiste pour accepter qu'une femme réussisse.

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    1. Hélas, ce n'est pas la seule société sexiste dans le monde. coucou Moukmouk, je t'ai envoyé un mail pour des nouvelles en direct :-)

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    2. Moukmouk oui La France n'est pas championne dans le sexisme, mais ce ni la religion ni les lois qui gardent les femmes en infériorité mais le sentiment de bon nombre de petits mecs se croyant supérieur.

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  3. Bonjour Tili, le net est extra-ordinaire, on se promène sur la toile et on fait des rencontres... Ton parcours est très riche et tu as franchi des montagnes, bravo pour ton courage. Peut-être es-tu en avance sur ton époque ? Peut-être y-a-t-il encore un petit brin de rien du tout à cueillir ou à recueillir pour que le processus soit complet ? On aimerait tous que la vie suive nos désirs, c'est parfois le cas mais parfois aussi nous semons des graines pour ceux qui nous suivront... Petite pensée qui me vient après lecture de tes billets en ce mois de septembre 2023. brigitte

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    1. Bonjour Brigitte, bienvenue. Il y a encore une suite à cette aventure, je suis en plein dedans.

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  4. Pas toujours facile la vie! Il faut se battre et ne pa attendre grand chose des autres. Je vous souhaite beaucoup de courage !

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    1. Bonjour Daniel, merci de la rencontre et du courage :-)

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  5. Bonjour, je découvre votre blog et constate qu'il existe de longue date.
    Votre périple semble intéressant et diversifié.
    Peut-être en dire au plus bientôt sur les innovations que vous évoquez.
    Au plaisir de vous lire.

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    1. Bonsoir Alain, bienvenu ici :-) Je ne peux pas vraiment en dire ici plus sur mon "vrai" travail car je préserve mon anonymat qui me donne la liberté de m'exprimer. Cependant vous verrez dans les lignes que forcément cela concerne le cerveau.. Cordialement

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  6. Merci d'être passé sur mon blog et d'avoir apprécié mon poème. Bravo pour la détermination et le courage, malgré les pépins. Je reviendrai plus tard continuer à vous lire. Bonne soirée.

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  7. Bravo de n'avoir pas voulu perdre tes valeurs et ta personnalité pour entrer dans le moule unique autorisé à la femme qui "réussit". J'espère que tu atteindras le rivage et, de là, d'autres possibles qui te ressemblent davantage que ceux laissés derrière toi.

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