mardi 12 août 2008

En quête de Bouffons

C'etait au coeur des vacances, entourée de l'amour de mon mari et de mes enfants... Nous nous sommes arrêtés sur une petite place, un lieu de pélérinage dont j'ignore encore l'histoire. Il y avait là un arbre magnifique, immense, rafraichissant, majestueux.

En un éclair l'angoisse de la mort m'a embrasée. Terrorisée, je me suis imaginée serrer ce tronc dans les bras et rester là à attendre le salut accrochée à cette bouée merveilleuse.
Une autre pensée m'a traversée l'esprit, celle de l'enfant capricieux qui ne veut pas quitter son jeu. Moi l'enfant qui ne veux pas quitter sa vie refusant d'aller avec la mort qui vient me chercher.
Mon coeur battait très fort et je lui ai parlé mentalement comme un parent console l'enfant apeuré.

-“N'ai pas peur, mon coeur, pensais-je, ton corps n'est que de la chair, à ta mort cette chair ira nourrir d'autres vies, des plantes des parasites, des arbres comme celui que tu voudrais embrasser et par le jeu de la vie cette énergie transformée vivra sous d'autres formes”.

Mon coeur à commencé à se calmer mais l'image m'est venue de ces tombes stériles où nous arrivons encore à polluer la terre de béton et refuser notre chair aux autres vies, à la crémation à la mode et que j'envisage qui pollue plus encore.
Ma pensée à voulu caresser encore ce coeur affolé.

-"Je demanderai à ce que cette chair soit rendue à la terre, sans béton, sans pollution, sans tralala".

Mon coeur se calme, ma pensée quitte le bel arbre et je songe à ces étranges émotions. Je nous vois, grains de poussière dans l'histoire, que nos vies sont dérisoires pourquoi les regretter ? Je pense à mon corps qui renouvelle presque toutes ses cellules en trois mois, me suis-je jamais inquiétée de ces cellules qui me quittent ? Pourquoi donc alors s'inquiéter d'un corps qui n'est rien de plus que cela des cellules mortes qui se séparent ? Non, je dois laisser les vivants gérer leurs émotions par l'enterrement qui les rassurera le mieux.
Je souris, je vois dans cette peur un instinct du vivant, un simple instinct utile à la survie de l'espèce, rien de plus.

Je souris avec indulgence à ce coeur enfant qui accepte enfin la raison.

Je savoure l'amertume de cette coupe qui m'offre la liberté absolue de regarder la vie en face.

Merci à cette étrange maladie où mon corps se rebelle contre lui même car je n'ai jamais plus progressé qu'en ces moments de peur, j'en viens à me demander ce que je pourrais bien faire de cette vie si elle avait la farce d'être finalement longue ?
Oh là, n'est ce pas là une pensé de Nietzsche que la souffrance est la seule cause des dépassements de l'homme ? Non je ne peux penser cela, je voudrais que l'amour soit lui aussi un moteur... Mais je vois pourtant.

Mais quelle étrange vie vivons nous donc. Vaine, égoiste, polluante, recherchant la possession d'objets, la gloire auprès des autres. Pourquoi donc ?
Nous pourrions posséder tous les objets du monde que cela ne changerait rien, la mort nous emportera et rendra ridicule cet amas de possessions dérisoires.
Nous n'aurons au passage que plus pollué le monde et détruit l'équilibre de vies fragile dans lequel nous laissons des enfants.

Je vois ces foules proclamer la gloire d'artistes puériles, où est donc la quête de beauté ?... On ne vends que des objets de profit, pourquoi faire ?

Je vois les puissants du monde attirer les regards par leur vanité. Que regardez vous donc ?

C'est dommage que la pratique des grands d'aimer et protéger un bouffon ait disparue, elle me semblait salvatrice. Je repense à Alexandre le Conquérant, du haut de sa puissance respectant l'étrange et cynique Diogène vivant dans une amphore... Qui autour de nous inspire le respect par sa simple pensée ? Où sont ces maîtres exemplaires ?

Et vous, Maîtres, où sont donc vos bouffons ?

3 commentaires:

  1. Hum, je ne suis pas certaine que les bouffons seraient encore appréciés des 'grands' : car ils faisaient rire souvent, conseillaient parfois mais surtout se permettaient de se moquer de leurs 'maîtres'. Et là je ne crois pas du tout que ceux qui se trouvent à un poste de pouvoir acceptent encore que l'on se moque d'eux ... ils n'en verraient sans doute pas un moyen d'avancer.
    Bisous

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  2. Il en a de la chance ce cœur d'être ainsi écouté et entendu jusque dans ses peurs les plus profondes!

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