lundi 14 janvier 2008

Un jour avant l’hôpital.

Et voilà, il va falloir y retourner pour un curage ganglionnaire, y rester une semaine. Après cela on se donnera juste le temps de la cicatrisation avant de démarrer la chimiothérapie.

Quelle étrange situation, je me sais gravement malade, j’ai bien compris que la mort rode autour de moi et il me suffit de voir les sourires crispés à mon passage pour mesurer toute l’angoisse voir la terreur que cela provoque dans mon sillage.

Mais je ne me sens pas malade. Ce n’est même pas du déni, c’est une question de représentation de la maladie. Je marche, je cours, je chante, je danse même avec mon fils de 15 kgs dans les bras, j’ai des plaisirs d’adultes avec l’homme de ma vie, je fais les courses, la cuisine et surtout je pense encore comme une chercheuse, j’utilise mon cerveau et jouis du plaisir de la science, de chercher, de penser, dans cette quête de connaissances qui constitue la plus grande aventure de ma vie, une passion qui m’habite depuis l’enfance...

Pas de fièvre, pas de symptômes sauf cette bête fatigue qui m’accompagne depuis si longtemps que j’en avais fini par croire qu’elle était dans mon caractère. On est très loin de la représentation classique du malade déprimé dans son lit.

Oh j’imagine que cela va venir, peut être en pensant que je ne manifeste pas assez ma maladie, mon entourage, les malades et même le personnel médical me décrivent avec forces détails toute la déchéance qui m’attends avec la chimio et la radiothérapie. Peut être que je le vivrais comme une souffrance, peut être pas. En attendant je me prépare comme quand j’étais étudiante et que j’affrontais des examens ou des concours… Se préparer, affronter puis fêter, fêter et exulter, surtout fêter AVANT de savoir les résultats pour que cela soit déjà pris et pour re-fêter après les résultats.

Quel plaisir, depuis plusieurs années j’avais oublié cela, ce plaisir enfantin de jouer et de profiter dès qu’on le peut. Petit symbole de ce réveil de mes joies enfantines, cette année à Noël je n’ai offert QUE des jouets, y compris aux grands parents. Si vous aviez vu les yeux brillants de mon Papa devant l’énorme 4*4 télécommandé qui l’attendait dans un gigantesque paquet rouge vif, un régal.
Je l’avais oublié, cette gigantesque partie de moi était en train de s’étouffer par ma faute, j’avais oublié de jouer…

Demain l’hôpital, je reverrai avec plaisir ces gens qui me soignent et que je trouve attachants avec leurs qualités et leurs défauts, des humains qui font un métier difficile et dont je ne puis m’empêcher de me sentir proche tout en étant consciente de la nécessité de garder une distance avec eux pour les protéger de la souffrance qu’ils auraient au cas où… au cas où je meurs, je sais, cela choque mais ce n’est pas d’un mot qu’il faut avoir peur.

16 commentaires:

  1. C'est délicat de laisser un commentaire, mais le médecin de mon fils à eu un cancer très mauvais au sein, cela fait maintenant des années, on lui donnait vraiment peu d'espoir... Elle travaille, va bien, elle aussi aime la vie.
    J'ai connu des femmes qui supportaient plutôt bien la chimio, alors pourquoi pas ? C'est tout ce que je vous (te) souhaite et surtout surtout que la vie soit longue et belle !

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  2. À chacun sa manière d'affronter et si la tienne est par le jeu et l'intérêt alors tant mieux. Et puis tu as bien raison : il ne faut pas avoir peur d'un mot :-D

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  3. tu as bien raison de t'amuser, après tout on a qu'une vie et finalement on devrait tous en profiter avec ou sans maladie.
    bon courage pour demain et pour la suite.

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  4. c'est une bien jolie leçon de vie que tu nous donnes, la maladie t'aura en tout cas apporté un supplément de sagesse et d'expérience.

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  5. Je voudrais savoir quelles sont les choses qui te paraissaient importantes et que tu trouves maintenant dérisoire (et l'inverse), enfin bref comment la maladie a modifié ta façon de concevoir ta relation au monde. Réponds seulement si ça t'amuse.

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  6. waaaa ! ta joie de vivre fait plaisir.

    je te dis bravo d'affronter "ça" comme tu le fais
    et finalement on s"apperçoit que les petits tracas de la vie ne sont rien.

    et oui tu as bien raison, la peur n'est qu'un mot

    tu as toute mon admiration et te soutien à 200%

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  7. L'inconnue que je suis a seulement envie de te tirer le chapeau qu'elle ne porte pas, pour te signifier tout le respect que lui cause cette approche de la vie, de la maladie, et de la mort. Puisse-t-elle faire tâche d'huile, et "contaminer" tes proches... et même les moins proches ! Ce monde en sortirait sûrement un peu plus beau...

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  8. Bonjour à tous et un petit mot particulier de bienvenue aux nouveaux visiteurs.
    Je dois finir de préparer mes affaires, normalement je serai hospitalisée une semaine, peut être que mon chum pourra vous donner quelques nouvelles.
    Merci de vos encouragements, merci aussi à melchior de ses questions, je prendrai le temps de répondre, peut être aussi que j'essayerai de répondre au delà à ce qui amène chacun à se poser ces questions là...
    Bises à tous
    Tili

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  9. Je pense bien à toi aujourd'hui Tili et reviendrai dans la semaine pour voir si ton chum aura pu nous mettre un petit mot (bien qu'il aura déjà pas mal de pain sur la planche alors pas de pb, on attendra). Un bouquet de bisous de nous 3.

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  10. Bonne chance Tili, et continue de ne pas te sentir malade pour profiter pleinement de la VIE!!!! A bientot.

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  11. Je fonctionne un peu comme toi (connaitre sur le bout des doigts pour ne jamais être surprise et pouvoir refléchir à vitesse grand V si besoin). Et en plus je fais des listes.

    Ne te laisse pas convaincre par ceux qui pensent que la maladie c'est forcément sinistre. C'est grave, c'est vrai. Mais ça t'empêche pas de profiter de la vie comme la jeune femme que tu es doit le faire.

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  12. La vie n'est pas dissociable de la mort, et on ne fait que balancer entre elles jusqu'au déséquilibre final (c'était ma pensée philosophique du jour :o)). En attendant, j'ai vraiment le sentiment, Tili, que ta force de vie et ta joie d'être parmi les tiens fera pencher la balance, et je me réjouis de te retrouver après ton opération, même "plus tout à fait la même", parce qu'on évolue, surtout à travers les épreuves. Tu as beaucoup d'élégance, tu sais... Becs pour demain

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  13. Bonjour à vous, quelle velle leçon de vie que voilà, belle et saine approche , il faut la mordre à pleines dents, cette vie et en savourer les moindres miettes comme un nectar.A très bientôt, j'ai déjà entendu ce mot chum? Est? nord? hi
    très belle journée à vous et toute votre famille
    Amicalment
    olga

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  14. Olga : chum (que l'on prononce entre tchom et tcheum) est le mot utilisé, au Québec, pour désigner le copain, le conjoint ;-)

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  15. ça n'est qu'une maladie parmis d'autres; il y a des traitements, ils sont de mieux en mieux acceptés et efficaces. ce n'est pas ce que les autres pensent que tu devrais ressentir qui compte mais ccomment tu te sens effectivement! même dans le ressenti, il faudrait se conformer à ce qu'on attend de toi ? n'importe quoi! il y a autant de ressenti qu'il y a de personnes; ne laisse pas les autres, mêmes medecins (pourquoi sauraient mieux que d'autres ce qu'on ressent ???), te dire ce que tu vas vivre!

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  16. ça n'est qu'une maladie parmis d'autres; il y a des traitements, ils sont de mieux en mieux acceptés et efficaces. ce n'est pas ce que les autres pensent que tu devrais ressentir qui compte mais ccomment tu te sens effectivement! même dans le ressenti, il faudrait se conformer à ce qu'on attend de toi ? n'importe quoi! il y a autant de ressenti qu'il y a de personnes; ne laisse pas les autres, mêmes medecins (pourquoi sauraient mieux que d'autres ce qu'on ressent ???), te dire ce que tu vas vivre!

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